Comment ça je ne bosse pas ?!

Je ne vous montre que des photos de mes week-ends mais ça ne veut pas dire que je ne travaille pas de la semaine... Alors pour faire taire les mauvaises langues je vais vous raconter un peu comment ça se passe.

Je vous rappelle vite fait mon sujet de stage:
L’Australie est en période de sécheresse depuis presque 10ans maintenant. Du coup, de nombreux labos ont axé leur recherche sur des solutions alternatives pour réduire la consommation d’eau potable, dont notamment l’utilisation des eaux de pluie pour des usages secondaires comme l’irrigation, le lavage de voitures, les toilettes, etc.
Mon projet a donc pour but d’étudier le traitement des microbes contenus dans les eaux de ruissellement urbaines par des biofiltres (=superposition de différentes couches de végétation, terre, sable et gravier)

La bonne surprise c’est qu’ils m’ont confié le projet complet...c’est-à-dire que je m’occupe de tout : de la création du projet du projet au départ avec choix des paramètres à analyser, du protocole expérimental et mise en place d’un budget jusqu’à l’analyse de mes résultats (j’aime pas les statistiques !) en passant par l’approvisionnement des bouteilles pour l’échantillonnage, les négociations avec le labo qui fait les analyses, la gestion d’un planning et des 6 personnes qui m’aident pour mes expériences...et je vous passe la suite sinon il y en aura pour trois jours.

C’est super motivant d’avoir autant de responsabilités dans ce projet, du coup je m’implique beaucoup plus mais d’un autre côté c’est un peu lourd à porter...il n’y a personne derrière mon dos pour vérifier que tout se passe bien ou que je n’ai rien oublié et à $12000 la journée d’expérience je n’ai pas vraiment le droit à l’erreur...

Et encore si tout marchait bien mais je galère comme une malade pour mettre en place ces expériences...il y a toujours un nouveau problème qui me tombe dessus et du coup je me casse la tête pour les résoudre...

J’ai deux sortes d’expériences :
Certaines plutôt tranquilles qui me prennent juste une demi journée avec l’aide d’une autre personne et maintenant ça marche comme sur des roulettes, j’ai finalement trouvé un moyen d’organiser ça correctement !
Mais pour les journées d’échantillonnage c’est une autre paire de manche (c’est celles-là les journées à $12000 avec 4 personnes)...heureusement j’en ai que 5 en tout sinon ça m’aurait tuée !
Je ne peux pas tout vous raconter ça serait trop long...je pense que je vais faire une partie problèmes rencontrés dans mon rapport de stage, il y en aura au moins pour 20 pages !
Et la plupart des gros problèmes sont à cause du labo qui me fournit les microbes et analyse les échantillons...ceux-là ils me font vraiment suer depuis le début et je sens qu’ils vont m’en faire baver jusqu’à la fin... ça serait trop long de tout écrire il faudra que je vous raconte de vive voix. La semaine dernière j’étais vraiment à deux doigts de leur balancer en pleine gueule tout ce que je pense d’eux, ils jouent avec mes nerfs et j’ai un peu peur qu’à la prochaine emmerde je n’arrive pas à me contrôler...enfin bref.

Parlons de choses plus drôles, j’ai quelques photos de mes expériences...
Au départ je comptais tout vous raconter, comment ça marche, etc. mais c’est trop long et trop compliqué...alors il faudra vous contenter de quelques photos (t’inquiète pas maman tu auras une idée de ce à quoi cela ressemble)

Voilà le monstre qu’on utilise deux fois par semaine pour aller récupérer les eaux de ruissellement dans un lac, un 4x4 Toyota Hilux V6... incroyable ce machin, même avec un réservoir de 1000L à l’arrière il passe partout !

Et je l’ai conduit ! Toute seule pour aller au labo pas très loin juste à 10min mais quand même...c’était la première fois que je conduisais à gauche, résultat : j’ai cherché le levier de vitesse dans la portière, mis les essuie glasses à la place des clignotants et failli prendre un rond point en sens inverse (juste failli...ouf). Et oui, tout ça en 20min ! On s’y fait vite en fait...

Moi en train de patauger dans le lac, à 7h30 du mat’ avec 7°C en température extérieure c’est que du bonheur !

Et je ne fais même pas la gueule...

Regardez dans quoi je patauge, charmant n’est-ce pas ? Une fois quand j’étais en plein milieu de la flotte, Justin (un collègue qui m’aide pour les expériences) ne trouve rien de mieux à faire que de me dire qu’il y a des anguilles dès fois vers la bouche d’entrée...brrrr !

Vous vous demandez peut-être pourquoi on prend l’eau ici, c’est parce que l’eau est polluée (par polluée j’entend pollution fécale. Hé oui, les microbes ils viennent d’où à votre avis? C’est dégueulasse hein ?)

Après avoir remué les microbes au fond du lac, il faut que je me grouille de monter à l’arrière du 4x4 pour tenir le tuyau si on ne veut pas en foutre de partout...Je ne sais pas si vous vous rendez compte ou pas sur la photo mais il est vachement haut ce 4x4...va essayer de grimper là-dessus un peu vite avec un manteau deux fois trop grand et une combinaison de pêcheur dans laquelle on pourrait rentrer facilement à trois dedans ! La dernière fois Geoff, un autre gars qui m’aide pour cette expérience, se marrait comme une baleine pendant que j’essayais tant bien que mal de grimper là-dessus, c’est vrai que j’avais l’air ridicule !

Vous avez vu la taille de la pompe et des tuyaux...c’est hyper lourd, en rentrant je vais pouvoir faire de la concurrence à Schwarzenegger !

De retour à l’université, on pompe encore une fois l’eau dans le réservoir au dessus de la greenhouse...là pour retenir le tuyau c’est sportif...c’est même un peu dangereux parce que le tuyau n’est pas très bien calé et personne n’a assez de forces pour le retenir si ça lâche...quand on se débat avec ces satanés tuyaux on appelle ça « fighting the anaconda » se battre avec l’anaconda !

Les biofiltres : vous pouvez même voir une plante en train de crever, elle a pas trop apprécié les microbes celle-là...vous croyez que j’aurais dû leur dire avant mon stage que je n’ai pas vraiment la main verte et qu’une fois j’ai même réussi à faire crever un cactus !

Les ‘jugs’ qu’on verse dans les biofiltres, les échantillons et la comparaison entrée sortie du biofiltre, ça marche plutôt pas mal :

Et puis voilà... les journées d’expériences sont très speed le matin mais ensuite quand on attend que l’eau filtre à travers les biofiltres on a le temps de faire des photos qui ne servent à rien, dans le genre de ces fourmis :

Ou des gouttes d’eau, une, deux, trois...zzzzZZZ

C’est quand même le genre de journée qui commence à 6h et finit à 17h avec l’impression de s’être battue toute la journée pour que tout marche, épuisant !

Je me la pète un peu avec ce stage quand même... du genre c’est mon projet, j’ai réussi à obtenir un budget trois fois plus élevé que celui du départ, au bout de trois semaines j’ai eu droit à une augmentation de salaire de 80% et deux offres d’emploi...hop là je recommence...faudrait faire attention sinon je ne vais plus pouvoir passer les portes (mais non pas à cause de mes grosses fesses... à cause de ma grosse tête !).